Stade de Reims - Vu des tribunes (VDT)

20-09-03 - Sa naissance un 25 décembre le prédisposait-il à croire ? Car, la foi est pour Noël Moukila un puissant ressort qu'il a volontiers actionné la saison dernière sous le maillot du Stade Briochin, pour révéler de solides talents de buteur (23 réalisations en CFA). Et elle lui sert à cimenter les espoirs qu'il place dans ce choc entre Brest et sa nouvelle formation rémoise.

Fils de Paul, Ballon d'or africain de France Football en 1974 et ex-joueur de Valenciennes et de Strasbourg, Noël a donc patienté jusqu'à son quart de siècle, pour hériter d'un premier contrat pro. « Reims c'est un gros club et ça ne se refusait pas. J'avais eu des contacts avec des équipes de L2 (Rouen, Amiens, Gueugnon, Angers) qui voulaient toutes me faire subir un essai. Mais il n'en était pas question, après ce que j'avais réussi à Saint-Brieuc ».

Venu du Congo en France à l'âge de 16 ans, Noël Moukila avait emprunté des chemins de traverse - Viry-Châtillon (3 ans), les Staten Vippers de New-York (six mois) - avant de vivre à Pacy-sur-Eure sa première expérience du National, gâchée par une double entorse de la cheville. « Il a fallu que j'arrive à Saint-Malo, où j'ai pu jouer régulièrement pendant trois ans, pour retrouver un moral solide ».
A l'entendre, deux événements portèrent les germes de sa saison bénie à Saint-Brieuc : « La naissance de ma fille, il y a un an et demi, et la visite que m'a rendue ma grand-mère en novembre dernier. Elle m'a donné deux cassettes de ses chants protestants que j'écoutais avant chaque match. Les buts ne s'inscrivent pas par hasard mais avec beaucoup de conviction. Je prie deux fois par jour. Sans Dieu, je ne serais pas là. C'est lui qui me donne ma force »

Puissant, explosif (« J'ai marqué tous mes buts dans la surface la saison dernière ») et doté d'un bon jeu de tête, Noël Moukila n'a attendu que trois minutes face à Pau, pour devenir le premier buteur de la saison en National. « J'ai profité de la confiance emmagasinée la saison passée et du gros travail fourni lors de la préparation d'avant-saison ».
Il en est à trois réalisations aujourd'hui. « Au bout de neuf matchs, je suis en retard sur mon ambition qui est d'en inscrire quinze. Je suis même convaincu de pouvoir marquer autant qu'à Saint-Brieuc, où, il est vrai, toute l'équipe jouait pour moi ».
Les forces de Reims ? « Elles sont avant tout collectives, avec une forte concurrence à des postes qui sont tous doublés et entre 22 joueurs du même niveau. Tous les joueurs offensifs ont déjà marqué, c'est le signe d'une confiance bien partagée ».
Nanti de six sélections en équipe du Congo, Noël Moukila est sollicité pour un match de qualification à la Coupe du Monde contre la Sierra Leone, le 12 octobre. « On m'a demandé d'être prêt. Mais, avant de penser à l'équipe nationale, j'aimerais réussir ma première saison à Reims, ce qui serait tout bénéfice pour moi ».
Au stade Francis-Le Blé, il réintègrera le groupe champenois, après une contracture à une cuisse qui l'a privé du match contre Ajaccio. « Face à une très belle équipe de Brest, on sera là, une fois de plus, pour jouer et pour gagner. Dans cette rencontre difficile, la différence se fera sur le mental, sur de petits riens ». Que l'ex-Briochin a souvent bien exploités.

Noël Moukila - 12-06-2003 25 ans - Congolais - Baptisé Noël en raison de sa date de naissance : le 25 décembre 1977 à Brazzaville. 1m78 pour 67 kg - Meilleur buteur du groupe A de CFA cette saison avec 23 buts (et deuxième meilleur buteur de CFA tous groupes confondus). C'était l'attaquant de pointe de Saint-Brieuc.

A Reims, il sera appelé à transformer les ballons millimétrés de "Momo" Haddadou et de Allann Petijean en balles de but. Avant d'intégrer le Stade Briochin, Noël Moukila a évolué à Saint-Malo - CFA2 (12 buts en 2001-2002) et Viry-Châtillon (de 1996 à 2001).

Noël Moukila n'est autre que le frère de Jaurès Moukila qui évolue dans la réserve de Sedan, ce qui explique son attrait pour la Champagne en dépit de fortes sollicitations.

Noël en été pour le Stade de Reims ? En tout cas, ses dirigeants sont persuadés d'avoir trouvé en Noël Moukila le buteur qui a tant fait défaut en Ligue 2. « C'est un bon investissement », insiste-t-on du côté de Saint-Brieuc, où le départ de l'international congolais est ressenti comme une lourde perte. « C'est simple, s'il n'avait pas été blessé durant cinq semaines, Saint-Brieuc aurait accédé en National et il serait resté chez nous ».
Précédé d'une réputation de goleador, Noël Moukila débarque donc à Reims où il est venu signer hier son contrat, avec l'espoir de confirmer sa belle saison. « Ce n'est pas un joueur athlétique, mais il a le sens du but. Il a ainsi inscrit la plupart de ses buts sur des actions de jeu. C'est un opportuniste qui sait aussi faire preuve d'altruisme ».
Avec les 7 inscrits en Coupe de France, c'est un total de 30 buts dont peut se prévaloir Noël dont le frère Jaurès évolue en réserve à Sedan. « Il a marqué 70 % des buts de son équipe ». En contact avec deux clubs de L2 et une kyrielle d'équipes de National, Moukila a choisi Reims et Ladislas Lozano. « Brest a longtemps fait le forcing, mais le changement de coach l'a fait réfléchir. C'est un garçon très croyant, d'une extrême gentillesse et qui respire la sérénité. Si l'entraîneur rémois parvient à le mettre en confiance, il réussira car, en valeur pure, il vaut la Ligue 2 et on ne sera pas surpris de le retrouver en L1 ». G.K.

13-08-03 - Le très croyant Noël Moukila est venu à Reims pour continuer à progresser. Il espère avoir l'occasion de prouver son sens du but ce soir face à Libourne.

On n'écoute parfois pas assez ses parents. Noël Moukila en a fait récemment le constat. Son père l'avait prévenu : « Le foot est un métier difficile où il faut beaucoup travailler pour réussir ». Mais comme il avait certaines facilités, le jeune Congolais en a un peu trop « fait à sa tête ».
Il a ainsi tardé à développer son indéniable potentiel. Mais heureusement, il y a deux ans, « je me suis mis dans la tête que je peux réussir et je travaille très fort pour ».
La personne qui lui avait donné ce conseil était d'ailleurs très bien placée pour le faire puisqu'en plus d'être son père, Paul Sayal Moukila est aussi « le premier Ballon d'Or africain ».
« Nous aimerions marcher sur ses traces. C'est au nom de notre père qui nous a quittés en 92 que nous jouons ». « Nous » car chez les Moukila, les qualités pour réussir dans le foot semblent inscrites dans les gènes.
On connaissait déjà Jaurès (19 ans), qui évolue avec la réserve sedanaise. Mais Lys (18 ans) qui vient de rejoindre Bordeaux et Préféré qui « sévit » chez les 15 ans du Red Star, tous attaquants, pourraient bien faire parler d'eux bientôt.
Comme commence à le faire Noël qui a fourbi ses premières armes à Viry-Châtillon (de 95 à 98). Après une escale américaine de six mois (Staten Island), il est revenu à Pacy-sur-Eure au mercato puis effectua trois saisons à Saint-Malo (deux en CFA, une en CFA2). C'est là que Saint-Brieuc vint le chercher la saison dernière.
Le natif de Brazzaville qui avait plusieurs propositions ne regrette pas son choix. « Avec l'entraîneur Pierre-Yves David (ancien pro à Sedan notamment), j'ai beaucoup appris, à tenter, à avoir confiance ».
Et les effets sont sensibles : il finira meilleur buteur de CFA (23 réalisations). Evidemment, ça attire l'attention de plusieurs clubs de L2 (Amiens, Angers, Gueugnon, Rouen). Mais devant leurs hésitations, Noël Moukila retiendra la proposition du Stade. « Reims voulait de moi, le courant est bien passé, j'ai dit oui tout de suite ».
Comme beaucoup, le nom et la ferveur populaire l'ont attiré : « Je suis très fier de porter ce maillot. Et j'ai envie de faire plaisir au public ».
Et ce qui est vrai pour une personne, l'est à l'échelle d'une équipe : « Si on continue à travailler comme cela, je suis sûr que le club retrouvera la L2 en fin de saison. Mais il ne faut surtout pas croire que c'est arrivé ».
La saison ne pouvait mieux débuter pour l'ex-Briochin, 25 ans, puisque face à Pau, il marqua dès la 5e minute. Ce qui ne l'étonna pas plus que cela. « Ca fait trois ans que je marque lors du premier match, je sentais que j'allais scorer ».
Renard des surfaces
Un attaquant qui croit en lui ? « Je crois d'abord en Dieu et je le remercie pour tout ce qu'il fait dans ma vie footballistique et privée ». Une foi qui l'aide à avancer. Et qui alliée à ses qualités (« Je suis un renard des surfaces, j'ai un bon jeu de tête et j'aime harceler les défenseurs » ) devrait lui permettre de « gravir de nouveaux échelons ». Lui qui n'est avant-centre que depuis deux saisons.
La saine concurrence régnant dans le groupe ne peut que l'aider. « Quand on est assuré d'être titulaire, on a tendance à faire moins d'efforts. Je ne suis entré qu'une dizaine de minutes à Raon mais j'ai tout donné. Même si je ne joue que deux minutes, je les fais à fond en espérant avoir plus de temps au match suivant».
Noël Moukila, métamorphosé depuis l'arrivée de sa fille Naëlle il y a 15 mois, s'est fixé. 15 buts comme objectif. Si Dieu le veut.
Christophe Hébert

Vu des Tribunes : l'actualité du Stade de Reims - Rédaction-conception : Michel HAMEL