REIMS - CAMBRAI (CFA2) : 0-1

Stéphane Bécart 81e

1% de risque, c'était encore trop



1% de risque pour les uns, c'est 1% de chance pour les autres... Pour l'avoir oublié, les Rémois - qui avaient déjà été bousculés au tour précédent - ont passé l'arme à gauche face aux modestes Cambrésiens, adversaires désignés de la réserve en championnat. Une nouvelle humiliation en Coupe de France après l'élimination tout aussi triste de la saison dernière, face à Sannois-St Gratien.
A ce niveau là, Cambrai ou pas, ce n'est même pas une bêtise. Plutôt une connerie !

 

Notre bourreau a 17 ans


Stéphane Bécart, le bourreau des Rémois, est un gamin de 17 ans. Appelé pour compléter le groupe, il n'aurait pas dû jouer. Mais N'Goma a eu le trait de génie de le lancer dans la bataille à un quart d'heure de la fin. Cinq minutes plus tard, il marquait le but victorieux des Nordistes. "L’espace d’une semaine, j’ai vraiment vécu à 17 ans un parfait rêve de gosse, dit-il. Je suis intronisé dans le onze fanion que je qualifie pour les 32e. Jamais je n’aurais imaginé pareil bonheur. Je garderai à jamais ce souvenir. Sur mon but, je ne me suis pas posé de questions. À la réception du ballon, je contrôle et je le glisse entre les jambes du gardien."



Une journée particulière
- "Tout se passe bien". Il est 14 h 30, et Otis N’Goma, l’entraîneur de l’ACC a un sourire radieux. La séance tactique du matin, sur la pelouse de La Liberté, s’est très bien déroulée. Les Jaunes et Noirs peuvent donc tranquillement prendre la direction de Reims.
L’arrivée dans le stade (en travaux) qui n’a plus de mythique que son nom, Auguste-Delaune, ne semble d’ailleurs pas vraiment les impressionner. Et c’est David Diliberto, en bon leader habitué à aller au front, qui emmène ses partenaires à l’échauffement. Les visages cambrésiens sont alors nettement moins détendus que deux heures plus tôt.
Le premier centre de la partie, signé Lamand, témoigne d’ailleurs des intentions cambrésiennes. Jouer sans complexe pour que le miracle espéré par leur coach se produise. « Il parait que la Coupe de France nivelle les valeurs, alors voyons voir » avait déclaré la veille au soir Otis N’Goma… Et à défaut de voir Gillard lever les bras à la demi-heure de jeu, le technicien cambrésien se contente donc du bon O-O qui réchauffe le coeur des supporters cambrésiens. D’autant que dans le dernier quart d’heure de cette première période, les Rémois commencent à se montrer plus pressants.
Heureusement pour l’ACC, Ngantchéa a la main ferme.
À la pause, l’ex-Valenciennois Philippe Burle, qui a bien failli faire son retour hier soir dans le groupe de Thierry Froger, apprécie d’ailleurs l’abnégation des Nordistes. « Ils font jeu égal » dit-il. Et le Marseillais d’origine ne pensait peut-être pas si bien dire. Car après cinq minutes de jeu difficiles, sitôt le retour des vingt-deux acteurs sur la pelouse, les Cambrésiens retrouvent leur football.
Propre, construit et menaçant. Lamand, Kerrouche, Andrade commencent, en effet, à pointer le bout de leur nez, tandis que Gillard et Boda n’en finissent plus de ratisser.
Si les Rémois ont des opportunités pour ouvrir le score, l’AC Cambrai se comporte donc bien. Si bien même, qu’Otis N’Goma, conscient que physiquement ses joueurs vont bien finir par souffrir, ne se démonte pas. À un quart d’heure de la fin du match, il lance l’appelé de dernière minute, Stéphane Bécart - un moins de 18 ans qui évoluait à Paillencourt l’an passé - dans le grand bain. Le coup est osé.
Or, cinq minutes plus tard, le miracle se produit ! Lancé comme il faut par Kerrouche, auteur d’un énorme match hier soir, seul à la pointe de l’attaque cambrésienne, le petit feu follet se retrouve nez à nez avec Rigaud. Et Stéphane Bécart parvient à passer le ballon sous le corps du portier rémois venu à sa rencontre !
Ma-gni-fique ! Les Jaunes et Noirs tiennent leur exploit. Le contrat, passé en début de saison par l’entraîneur nordiste avec ses joueurs, est rempli : l’ACC est en trente-deuxième de finale de la Coupe de France !



L e  d i r e c t


C'est devant des travées particulièrement clairesemées - pour ne pas dire désertes - que le Stade a disputé ce 8e tour de Coupe de France, face à la modeste formation de Cambrai (CFA2). 2.000 spectateurs à vue d'oeil...
Le peu d'intérêt suscité par le match n'est pas une surprise, d'autant que les conditions météo - une pluie persistante aussi fine que glaciale - n'inclinaient pas à mettre un doigt de pied dehors. Cambrai souhaitait que cette rencontre se dispute chez lui, où l'engouement aurait été tout autre, mais la raison a prévalu côté rémois.
Avec deux matches sensibles à suivre (Rennes mercredi en Coupe de la Ligue, Bastia samedi en championnat), il fallait s'économiser. Les titulaires traditionnels sont d'ailleurs sur le banc.

A l'issue du premier quart d'heure de jeu, le constat qui s'impose c'est que les absents n'ont pas eu tort, car il se passe peu de choses sur la pelouse de Delaune. Un triangle un peu trop grand pour les habits cambrésiens. Comme prévu, l'entraîneur nordiste (qui livre ses stratégies à qui veut l'entendre) a jugé que la meilleure défense était l'attaque. Il n'a oublié qu'un détail : les Rémois évoluent trois divisions au-dessus. Dans ces conditions, des attaques désordonnées n'ont jamais eu le don de les inquiéter.
Côté Stade, on a gentiment géré le début de rencontre, en misant sur l'usure des adversaires pour monter progressivement en puissance. En attendant, c'est sur coup de pied arrêté que l'on espère faire la différence : un coup-franc par çi, un corner par là suffisent au bonheur des Rémois. Barbier aurait même pu plier le match à la 12e sur un corner tiré côté gauche, mais Dagado est parvenu à extraire le ballon sur la ligne.
A la demi-heure de jeu, la situation n'a toujours pas évolué d'un iota. Rien. Désespérément rien à se mettre sous les crampons côté rémois. Le jeu se cantonne en milieu de terrain, où les pompes oranges resplendissantes de Bonnal brillent de tous leurs feux. A propos du gang des pompes oranges, il faut noter que Giraudon a tout de même frappé un coup-franc aux 25 mètres, sans danger pour le portier nordiste.
En revanche, côté nordiste on a frôlé le bonheur à la suite d'une attaque côté droit, mal repoussée par la défense champenoise qui a failli surprendre son propre gardien. On a tout de même touché du bois sur l'action... C'est dire s'il s'en est fallu de quelques millimètres pour que le cuir ne termine au fond des filets.
Du coup, ce sont des Cambrésiens tout revigorés qui se lancent à l'assaut de ce dernier quart d'heure de la première période, où les deux pointes rémoises du soir (Baléguhé, Lundblad) ne brillent guère. Mais, pas d'inquiétude : si besoin, pour décanter la situation Thierry Froger fera sans doute appel aux "Féfé Flingueurs", qui se les gèlent sur le banc dans leurs imposantes doudounes. Nous n'en sommes pas là.
Quoique ! Si Baléguhé continue à s'emmêler les pieds comme il l'a fait à deux reprises aux alentours de la 40e, il va falloir y songer. Un duel perdu contre le gardien, un tir dévissé ensuite dans des conditions similaires... Comme dirait Jean-Pierre Caillot avec son "franc"-parler bethenyat habituel : "Je me demande bien ce qu'il a bouffé à midi pour s'emmêler les pinces comme ça. Sûrement des spaghetti." (moi j'aurais dit "s'emmêler les "pâtes", mais chacun son humour).
Voilà la mi-temps. Pas trop tôt. Vivement les quarts de finale, car la météo sera plus clémente.



Réaction de supporter



SECONDE PÉRIODE : COACHING GAGNANT POUR... CAMBRAI

Thierry Froger taille dans le vif. Marc Giraudon, lieutenant du gang des pompes oranges, et Carl "Baranne" Tourenne restent au vestiaire pour laisser la place à Fontenette et Iesch. Une frappe de mule du pitt-bull (je sais, il y a comme une anomalie) a vite fait de donner le ton. Fini la rigolade chez les défenseurs cambrésiens.
Cela dit, il va peut-être falloir songer à cadrer car je me vois mal passer la nuit ici. Pourvu encore que ça rentre du bon côté, car les frappes ne sont pas l'apanage des Rémois. Or, ce n'est tout de même que Rigaud dans les caisses ce soir...
Déjà l'heure de jeu... Et "Denver" Baléguhé n'a toujours pas trouvé le bon timing : tirs approximatifs, têtes improbables... Il va finir par sortir en continuant à réfléchir à ses réglages... Et, le connaissant, ça risque même de lui prendre tout le week-end.

On entre dans le dernier quart d'heure. Et je dois bien vous avouer que je perds patience. Je n'ai pas prévu d'y passer la soirée... On a vu quoi en seconde période jusqu'à présent, côté balles cadrées ? Allez, une tête de Baléguhé captée par le gardien nordiste et une frappe sèche des Cambrésiens sur laquelle Rigaud s'est couché.
Cette fois, il faut arrêter la plaisanterie et faire entrer des attaquants de métier. Enfin, au moins un car nous n'avons plus le choix : Cédric Fauré que, ceci dit au passage, Strasbourg dément avoir approché (de près en tout cas, dixit les DNA).

75e - Enfin une bonne nouvelle. La première depuis 18 h : Fauré est maintenant sur la pelouse. Il remplace Lundblad, totalement transparent ce soir (les Rémois auraient pu jouer à 12 sans que l'arbitre ne s'en inquiète) et qui sort sous les acclamations (boutade) après avoir manqué l'immanquable sur son seul ballon dangereux du match. Héritant d'une balle cafouillée, il n'a pas été capable de concrétiser face au gardien cambrésien qui va sûrement attribuer le résultat de l'action aux trois cierges qu'il a dû cramer hier soir. Il ne connaît pas très bien notre Jon... Comme quoi la perception d'un miracle tient parfois à peu de choses.
81e - 0-1 - But de Cambrai sur un contre parachevé par Stéphane Bécart, lancé dans le grand bain quelques minutes plus tôt seulement. Et l'attaquant de CFA2, lui, ne rate pas son face à face. Je vous avais bien dit que nous n'avions pas Liébus dans les caisses ce soir...
Et le pire, c'est que ce but a donné des ailes aux Nordistes qui multiplient maintenant les offensives. Si, au moins, ils pouvaient être trop gourmands...

Malheureusement, ça n'en prend pas le chemin. C'est fait ! Cambrai humilie le Stade à Delaune. Maintenant, direction Rennes... mais là il y aura les caméras de France 4. Ca change tout, parfois...



Le fil de match

7e : reprise de Baldé sur un mouvement collectif rémois, Bataille sauve les meubles in extremis de la poitrine.
13e : la reprise de volée de Jeannel, consécutive à un corner de Bonnal, taquine la transversale nordiste.
15e : Barbier reprend de la tête un nouveau coup de pied en coin de Tourenne. Boda joue les pompiers de service sur sa ligne.
26e : Ngantchea se couche avec à-propos sur un coup franc enveloppé de Bonnal.
28e : Infiltration de Gillard sur le flanc gauche. Son centre tir dévié par un défenseur atterrit sur le haut de la barre de Rigaud.
30e : le Champenois Lunblad vendange au point de penalty une balle parfaite de Baleguhe.
33e : escapade de Gillard. Sa passe en retrait provoque un cafouillage. Andrade, à la réception, privilégie le collectif pour Faussau. Giraudon intercepte et enraye l’action.
36e : Ngantchea est décisif dans un face-à-face à bout portant avec Baleguhe, pourtant idéalement servi par son capitaine Barbier.
40e : une frappe en pivot de Baleguhe, auteur d’un slalom dans la surface, passe de peu à côté.
Au retour des vestiaires, Ngantchea, bien sûr ses appuis, cueille un lob de Baleguhe.
53e : Lamand, sans complexe, pénètre dans le rectangle. On croit au but. Il dévisse son tir seul devant Rigaud.
58e : Ngantchea annihile tranquillement une tête de Baleguhe. Aussitôt, Djohoré surgit et empêche Lunblad d’ouvrir les hostilités.
64e : Rigaud bloque un bolide de Faussau décoché aux 20 m. Faussau, mis sur orbite par Gillard, arrive en solitaire devant Rigaud, qui évite le pire.
75e : Ngantchéa détourne à bout portant un essai de Lunblad, oublié dans la surface.
81e : incroyable mais vrai ! Le jeune espoir Becart, à peine entré en jeu, exploite un décalage millimétré de Kerrouche. Il glisse la sphère dans les filets.
85e : sur une récupération de Kerrouche, Becart s’offre un numéro technique. Rigaud lui barre la route du deuxième but.
87e : Merci Ngantchéa, il ruine les derniers espoirs du stade de Reims en stoppant une tête smashée de Baleguhe. L’ultime rempart récidive des prouesses au bout de quatre minutes de temps additionnel.



Les Cambraisiens
ont des vertus curatives


Cambrai-Reims
(CFA2) :


Le match qui
a sonné le glas
de Triqueneaux



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Vu des Tribunes : l'actualité du Stade de Reims - Rédaction-conception : Michel HAMEL

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