STADE DE REIMS - ISTRES : 2 - 2 (1-0)

Mercredi 4 décembre 2002 - 18e journée de Ligue 2 - Arbitre : M. Fraise

Haddadou (40e), Tchami (75e) pour Reims - Hebbar (50e, 55e) pour Istres



Fantasque

 

 

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On ne sait plus que dire, que penser de cette équipe. Lorsqu'on la craint à l'agonie, elle est capable de livrer une partie de toute beauté; lorsqu'on la croit repartie sur de bonnes bases, elle sombre dans la déliquescence; lorsqu'on imagine qu'elle a fait l'essentiel dans une rencontre, elle se liquéfie en l'espace de quelques minutes.

Pas étonnant, dans ces circonstances, que les supporters perdent la tête au point de prendre fait et cause pour les adversaires. Pas justifiable pour autant. Pas plus que les sifflets ou les sentences vengeresses de ceux qui viennent à Delaune comme on allait aux Jeux du cirque dans la Rome antique. Pour tous ces frustrés de la vie, habitués à se taire au quotidien, les travées sont devenues une sorte d'exutoire où, l'espace d'une poignée de minutes, ils se sentent en position de supériorité, comme si les joueurs étaient leur chose.

Il est évident que le Stade est malade, psychologiquement malade, et que son public se laisse peu à peu gagner par le même mal au point que les spectateurs s'invectivent maintenant à longueur de rencontres, quand ils n'en viennent pas aux mains.

Et pourtant, chaque clan détient peut-être une part de la vérité, car ce n'est pas la valeur des joueurs qui est en cause, c'est leur capacité à s'exprimer. Comme si cette équipe était fragilisée au point d'être entièrement dépendante de son mental, comme si elle ne savait pas gérer ses craintes, celle de perdre, celle de mal faire, celle de décevoir... Le résultat présent, on le connaît. Le devenir constitue une interrogation selon qu'un déclic se produira ou non.

A vrai dire, cette équipe est tellement fantasque qu'elle est capable de gagner (ou de perdre) n'importe où. Si l'on n'y prenait garde, elle serait même capable de ramener un résultat de Toulouse alors qu'elle s'est mise en danger face à une formation aussi transparente que celle de Istres. Qu'il est bon parfois de s'évader dans le rêve.

 

Chronique d'un départ annoncé

Reims tourne la page Collat - De la réflexion jaillit parfois la lumière. Quand l'évidence saute tant aux yeux, il faut savoir composer avec elle. Quand la situation s'enlise, il convient de tout mettre en œuvre pour sauver l'essentiel.
Avant-dernier de son championnat sans donner l'impression de vouloir ou pouvoir s'extirper de ce guêpier ciblé L2 et atteindre l'objectif minimum fixé en début de saison, le maintien, le Stade de Reims végétait dangereusement.


Istres, la goutte d'eau
A tel point que les conflits internes au groupe ne restaient plus confinés à l'intérieur des vestiaires, donnant encore plus d'importance à ce sentiment de malaise général répercuté sur le terrain. Bref, le Stade était malade.
La situation était à un tel point délicate que le président Christophe Chenut a dû se résoudre à limoger son entraîneur, Marc Collat. Hier soir, il a annoncé à ses joueurs sa décision de remplacer son coach par le Breton Denis Goavec. L'ex-entraîneur de Saint-Brieuc et d'Angers notamment (lire par ailleurs) prendra ses fonctions dès demain.
« Il fallait faire quelque chose », admet un président que l'on sent meurtri. « Nous étions dans une logique d'échec. Tant d'efforts consentis pour hisser le club à ce niveau, méritaient que l'on trouve la solution la plus juste pour stopper l'hémorragie ».
Christophe Chenut s'est dit très marqué par la prestation de l'équipe mercredi face à Istres. « Autant face à Gueugnon, l'équipe a produit du jeu et a manqué de réussite, autant nous avons failli collectivement contre Istres ».
Dès le lendemain, il entamait un tour de table avec les principaux membres du conseil d'administration. « Cette décision n'a pas été prise sur un coup de tête. Nous étions d'accord sur le diagnostic et avons donc étudié toutes les possibilités pour remédier à nos problèmes. Il fallait trouver le déclic pour relancer la machine. Nous avons donc décidé d'effectuer un changement au sein du staff technique et que la solution devait venir de l'extérieur ».


Goavec enthousiaste
Déjà en contact avec Denis Goavec à l'intersaison 2001-2002 lorsque l'éventualité d'un départ de Marc Collat se précisait, Christophe Chenut n'a eu aucune difficulté à persuader le coach breton de venir s'installer en Champagne.
« Denis Goavec a accepté de relever le challenge. Il a six mois pour faire ses preuves, pour nous maintenir en L2 et pourquoi pas, réaliser une belle carrière en Coupe de France ».
Chenut a senti son interlocuteur « très enthousiaste ». Fraîchement licencié économique à Vannes (CFA), le président stadiste a décelé chez lui « une grande motivation et un grand désir de relever notre défi ».
Bien avant cette issue malheureuse pour Marc Collat, successeur de Manuel Abreu depuis deux ans, Christophe Chenut avait pensé lui octroyer un peu de recul dans sa fonction. « C'était après la défaite à Châteauroux, nous avions pensé qu'il prenne un peu de recul par rapport à la direction quotidienne du groupe, mais ni l'un ni l'autre avons souhaité approfondir cette hypothèse ».
Très proche de son entraîneur, le président rémois avait même pensé associer les deux coaches : « Mais, avec raison, Marc a pensé que son rôle de manager général trouvait son importance en début de saison et non à six mois de la fin du championnat et qu'il ne souhaitait pas rester dans un placard et, d'autre part, sa présence quotidienne auprès du staff gênerait sans doute le nouvel entraîneur ».
Avec l'élégance qui a toujours accompagné son discours et sa réflexion, le coach martiniquais a préféré quitter le club comme il était arrivé, en toute discrétion.


Et maintenant ?
Exit donc Collat et bienvenue à Goavec, « un homme à poigne », comme le présentent certains, « un coach travailleur et méthodique » pour d'autres.
« Nous devons oublier nos problèmes et nous concentrer sur l'essentiel : le sauvetage du Stade de Reims », répète avec force Christophe Chenut.
Travaillera-t-il avec le staff et l'effectif en place ? « Je lui laisse le soin de faire son inventaire. Une chose est sûre : il vient tout seul. Personnellement, je reste persuadé que l'effectif tient la route. Nous repartons à zéro, une page se tourne et il n'y aura ni d'anciens ni de nouveaux, ni de titulaires ni de remplaçants ».
Et d'ajouter : « Je suis un éternel optimiste et je crois aux signes du destin. Marc Collat avait remplacé Denis Goavec à Saint-Brieuc et, comme par hasard, il est libre au moment où nous avons besoin de lui ».
Christophe Chenut évoque aussi son intime conviction, « c'est mon rôle de trancher avec les leviers restreints dont je dispose ». Dans six mois on pourra juger du bien fondé de ce coup d'éclat.
Gérard Kancel

 

 


Vu des Tribunes : l'actualité du Stade de Reims - Rédaction-conception : Michel HAMEL

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