"Je
voudrais entraîner une équipe anglaise"
14
septembre 2007

A
la tête du Stade de Reims depuis deux saisons,
Thierry Froger fait le point sur le début de championnat des Rouge et Blanc,
son métier d’entraîneur et ses rêves d’Angleterre.
Actuellement
9ème avec un bilan équilibré (3 victoires pour 3 défaites),
le Stade de Reims se cherche encore. Rencontre avec l’entraîneur des Rouges
et Blanc, lucide, qui admet que le niveau de jeu de son équipe est encore
trop moyen, tout en rappelant les objectifs du club et sa passion pour son métier
d’entraîneur.
Quelle
analyse faites-vous de ce début de saison ?
Pour le moment,
c’est un lancement de saison moyen. L’équipe se met doucement en place
après un été agité par de nombreux mouvements de joueurs,
souvent tardifs, comme ce fut le cas par exemple avec la signature le 31 août
dernier de Nabil Taider. Lors de nos matches à l’extérieur, nous
avons été très moyens et même mauvais comme à
Nantes. Maintenant, nous avons gagné 3 rencontres même si la manière
n’y était pas toujours. Ce qui est paradoxal, c’est notre défaite
contre Dijon qui fut sans doute notre meilleur match. Je suis conscient que l’équipe
doit encore beaucoup s’améliorer et ce, dans tous les domaines.
Après
ces 6 premières journées de L2, pouvez-vous nous rappeler l’objectif
du club ?
Il n’a pas changé. L’objectif du Stade de Reims
est de progresser à tous les niveaux sans se poser de limite. Nous devons
bien sûr monter dans la hiérarchie de la L2, mais aussi poursuivre
la construction des structures du club. Concrètement, nous visons la première
moitié de tableau, et si possible une place la plus proche possible des
meilleures équipes du championnat.
La
première moitié de tableau de la L2 peut sembler timide aux yeux
de certains supporters…
Je comprends, mais souvenons nous d’où
vient le Stade de Reims ! Il y a encore 4 ans le club était en National.
Nous enchaînons seulement notre 4e saison en Ligue 2. Nous n’avons toujours
pas de stade, ni de terrain d’entraînement ou de centre de formation correspondant
à une équipe de haut niveau. Dans tous ces domaines, les dirigeants
ont accompli un grand travail mais qui n’est pas encore terminé. Aujourd’hui,
le Stade de Reims ne possède pas encore toutes les armes pour viser la
L1. Maintenant, si devions jouer l’accession cette année, il est évident
que nous la jouerions à fond.
Considérez-vous
avoir aujourd’hui les moyens de remplir les objectifs fixés par le club
?
Nous avons un effectif plus complet que la saison dernière
et nous devons par conséquent viser plus haut. Chaque saison qui passe
apporte aussi aux joueurs et au club de l’expérience. Maintenant, il faut
prouver notre progression sur le terrain et en dehors, au niveau des structures
du club.
Vous avez resigné un contrat
de deux ans avec le Stade. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Le
président a pensé que je pouvais encore faire progresser le club
et comme je le pense aussi, il était logique que je poursuive mon travail.
C’est bien de travailler avec la confiance de son président.
Vous
restez souvent longtemps dans les clubs où vous signez. Pourquoi alors
avoir quitté Lille en septembre 1998 après une seule saison ?
En
fait, je venais d’être élu meilleur entraîneur de L2 avec Le
Mans quand Lille m’a recruté. Lors de ma première saison avec Lille,
tout allait très bien et le club a fini 4ème du championnat, manquant
de peu la montée en L1. Malheureusement, le début de la seconde
saison a été très mauvais et j’ai été pris
en grippe par des supporters, dont l’un m’a agressé physiquement. Cette
histoire n’a pas fait beaucoup de bruit à l’époque. C’était
juste après la Coupe du Monde en France et il ne fallait pas associer la
fête du football avec ce genre d’histoire. Je ne pouvais plus dans ces conditions
rester à Lille.
Quels sont vos objectifs
personnels ?
Vous savez, j’ai été un joueur moyen
avec quelques qualités, mais j’ai surtout beaucoup travaillé. J’ai
stoppé ma carrière de joueur très tôt (à 27
ans) car je sentais que je ne pouvais pas mieux faire. En revanche, je savais
depuis longtemps que je voulais devenir entraîneur pour voir comment se
passait la vie d’un club. J’ai d’ailleurs passé mon premier diplôme
d’entraîneur à 19 ans. C’est une fonction qui m’a toujours attiré,
où je sentais que je pouvais m’épanouir. Aujourd’hui, mes objectifs
sont très simples, je veux vivre des émotions à travers mon
métier.
Donc votre seul objectif personnel,
c’est le plaisir d’entraîner ?
Exactement. Je ne suis pas
un carriériste. Je n’ai pas spécialement le désir d’entraîner
une équipe de L1 par exemple. L’argent n’est pas essentiel. Mon souhait,
c’est de faire de ma vie des moments d’émotions. Je veux juste bien faire
mon boulot et quand j’ai l’impression que je ne peux plus aider le club, je pars
tout simplement. Et puis quand je vois le nombre d’entraîneurs qui sont
au chômage, je me dis que j’ai déjà de la chance de pouvoir
exercer le métier que j’aime.
Mais mis
à part le simple plaisir d’exercer votre métier, vous devez bien
avoir un rêve ?
Non je ne crois pas… enfin, il y a bien quelque
chose que j’aimerais essayer au cours de ma carrière. Je souhaiterais entraîner
une équipe anglaise pour partager cette passion et cette ferveur qui réunit
les joueurs et les supporters autour de leur club. En fait, à l’âge
de 12 ans, j’ai vécu ma plus belle expérience de football. J’étais
en Angleterre, hébergé par mon correspondant à Manchester.
J’ai eu la chance qu’il m’emmène assister au derby Manchester United contre
Manchester City. Ce match fut pour moi une expérience presque indéfinissable.
Il y avait une telle ferveur dans le stade. L’émotion fut énorme
! C’est cette ambiance typiquement anglaise que j’aimerais découvrir un
jour de l’intérieur.
Julien
Debant