Vendredi 28 février 2003

 

Albert Batteux

L'apôtre du Grand Reims

 

Avec la mort d'Albert Batteux, décédé à Grenoble à 83 ans, des suites d'une longue maladie, c'est l'une des figures historiques du football français qui disparaît, le créateur d'un style de jeu et l'âme d'une équipe mythique, le Stade de Reims, qu'il entraîna de 1950 à 1963.
Avec le Reims des Kopa, Fontaine, Piantoni et autres grands noms de l'époque, Albert Batteux, Champenois issu d'une famille de 13 enfants, s'était construit un palmarès inégalé en France : cinq titres de champion de France (1953, 1955, 1958, 1960, 1962), une Coupe de France (1958) et une Coupe latine (1953). Il avait également été deux fois finaliste de la Coupe d'Europe des Champions en 1956 et en 1959 contre le Real Madrid d'Alfredo Di Stefano.
Il fut également l'entraîneur de l'équipe de France emmenée par ses Rémois, qui arriva en demi-finale du Mondial-58, n'échouant que contre le Brésil de Pelé.


Football champagne
Enfin, comme entraîneur de Saint-Etienne, de 1967 à 1972, il remporta quatre nouveaux titres de champion de France (1967, 1968, 1969, 1970) et deux Coupes de France (1968, 1970).
Il était le troisième technicien ayant dirigé le plus de match en D1 (656), derrière Guy Roux et Kader Firoud. L'ancien joueur du Stade de Reims était un adepte du beau jeu, court, offensif, spectaculaire, « à la rémoise ». « Il demandait du jeu, il voulait que le physique soit au service de la technique et du jeu », se souvient Michel Hidalgo. « On lui doit le football champagne, ce jeu qui a enthousiasmé les Français », renchérit Raymond Kopa.
Tous ceux qui l'ont connu louent également son côté « scientifique du football », comme Aimé Jacquet : « C'était un intellectuel du football, mais il avait les mots pour l'expliquer. Ces mots, je les ai toujours en tête, ils ne m'ont jamais quitté. »
Avant d'entamer sa carrière de technicien, Albert Batteux avait été joueur, comme attaquant et inter (milieu de terrain), au Stade de Reims, évidemment. Il avait été international à huit reprises.
En 1950, le soir même de la victoire rémoise en Coupe de France contre le RC Paris, il quittait définitivement son maillot de joueur et prenait la succession d'Henri Roessler à la tête de Reims. C'était l'aube d'une des carrières d'entraîneur les plus brillantes du football français.