D E N I S    G O A V E C

 

L'ENTRAÎNEUR 3

 

SES CONVICTIONS

 

 

"Ras la casquette !"

3 juin 2003

 

 

Denis, vous n'êtes plus entraîneur du Stade de Reims
« J'ai pris une belle claque car je m'attendais à être reconduit dans mes fonctions. Le président ne l'a pas souhaité, il m'a dit qu'il cherchait un bâtisseur. Pourtant, je suis un bâtisseur ».


Quelles sont les raisons qui vous ont été données pour justifier cette décision ?
« On m'a parlé d'échec, que j'avais échoué dans ma tâche. C'est bizarre, mais l'objectif fixé était simplement de faire de mon mieux. Lorsque je suis arrivé, l'équipe se situait à quatre points du premier non relégable. J'estime avoir tout donné avec un effectif qui ne m'appartenait pas.
Avec le staff, on s'est mis minable pour sortir l'équipe de la zone rouge. Si c'était à refaire, je referais la même chose. Il était dit qu'on devait me couper la tête »

.
Ces six mois ont été difficiles à vivre ?
« Je suis amer car l'environnement était favorable pour faire du bon boulot. Avec le staff, nous étions constamment en première ligne. Moi, je n'avais aucun état d'âme. Pourtant, je n'ai jamais été soutenu par mon président. J'aurais souhaité que mes décisions soient validées par ma hiérarchie ».


Vous sentiez de la méfiance autour de vous ?
« La situation était difficile, mais nous ne sommes pas passés très loin. Le maintien s'est joué à peu de chose. J'ai tenté de gérer au mieux l'effectif dont je disposais. J'ai tenté de donner de la vie à une équipe tenaillée par le doute. J'ai voulu être juste, loyal, honnête jusqu'au bout. Je peux vous dire que ce n'était pas facile dans notre situation.
Sur le plan du jeu, le Stade de Reims n'a pas souffert de la comparaison. On jouait bien au ballon entre les deux 16 mètres. C'est après que tout se compliquait. J'ai tenté des choses, j'ai suscité l'attention des joueurs. Après, ce sont les aléas du football ».


Pourquoi les dirigeants n'ont pas souhaité poursuivre avec vous ?
« Il ne faut pas se voiler la face. J'ai payé l'addition parce que j'avais un projet pour le Stade de Reims. Un grand projet d'avenir. Certains on eu peur de perdre leurs prérogatives et m'ont savonné la planche. Pourtant, ce n'était pas une révolution de palais, tout le monde était concerné. Je m'appuyais sur le savoir des anciens du club, sur l'expérience de formateur de Patrick Buisset. Je dis toujours que la tradition c'est comme une recette de cuisine, elle se transmet de mère en fille. (1)
Mon projet tenait en 50 pages. Il évoquait le futur centre de formation et une cellule de recrutement efficace. On l'a vu cette saison, Reims ne peut pas se permettre de se tromper dans le choix des joueurs ».


On vous sent déçu.
« Je suis très déçu. Après le match contre Toulouse, on m'a annoncé mon limogeage. Certains ont pensé que je voulais étendre mon pouvoir. Mais bon. J'ai joué le jeu jusqu'au bout, avec passion et professionnalisme. J'aurais souhaité avoir une vraie chance. Mais je dérangeais, c'est dommage. Je ne suis pas un carriériste, ça se saurait. En six mois, je me sentais plus rémois que certains qui sont là depuis des années. Le Stade de Reims mérite vraiment qu'on s'y consacre à 100 %. Maintenant, la vie continue. J'attends toujours la notification officielle de cette rupture de contrat. J'ai des contacts, j'hésite entre rester en France et partir à l'étranger ».


Recueilli par Gérard KANCEL

(extraits).

03-06-2003

(1) adage breton synonyme de l'adage champenois "C'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe"

 

 

 

 

SA POLITIQUE

 

 

"Cravacher ! "
12 décembre 2002


- Le nouvel entraîneur stadiste, Denis Goavec, a pu commencer mercredi après-midi à se faire une idée un peu plus précise sur le groupe dont il vient de prendre les commandes.
La séance qui avait lieu aux Thiolettes, par un froid bien de saison, a permis au coach breton de prendre le pouls d'un effectif qui va devoir « cravacher » pour assurer l'unique objectif de la saison.
Bon état d'esprit
Hormis Billong, Liabeuf, Bertrand et Bichet, toujours aux soins, les Stadistes se sont donc retrouvés hier pour une opposition dont il fallait attendre la deuxième partie de séance pour voir des buts.
A ce petit jeu, Frédéric Boniface (photo) se montrait plutôt à son avantage, inscrivant deux des trois réalisations du groupe « bleu ».
Denis Goavec avait demandé de l'engagement, il a dû être satisfait, même s'il entend corriger certaines choses dans les semaines à venir.
« L'opposition était intéressante, l'état d'esprit bon. Globalement, j'ai bien aimé ce que j'ai vu. Les trois tiers-temps ont été de qualité et les joueurs ont démontré qu'ils savaient marquer des buts », expliquait-il à l'issue de canter.
Sans intervenir directement pendant la séance, le Costamoricain a cependant pris pas mal de notes avant de regrouper sa troupe pour un rapide debriefing compte tenu de la température ambiante !
Denis Goavec prendra seul les commandes aujourd'hui pour une séance « de travail tactique et des répétitions à vide », mais aussi, afin de « revoir certains repères défensifs » d'un groupe où « il y a vraiment matière à faire quelque chose. », concluait-il. Stephen Thiebault (L'Union - 12-12-02)

Denis Goavec a débuté hier matin ses rencontres en tête à tête avec son effectif. « Le but de ces discussions est de voir la trajectoire et la carrière de chaque joueur mais aussi leur poste préféré. Je veux savoir quels sont les points forts et faibles de chacun d'entre-eux et ce qu'ils aimeraient travailler particulièrement aux entraînements, tout cela, afin d'apprendre à les connaître. Je veux également savoir si les hommes se sentent concernés et s'ils croient toujours au maintien ».




"Je ne suis pas à Reims pour bricoler"

11 décembre- Volontairement positionné dans un rôle d'observateur, Denis Goavec a supervisé mardi son premier entraînement, aux Thiolettes.
Une séance qui avait débuté par un bref discours de présentation. Le nouveau technicien rémois n'en dévoilait pas la teneur même s'il consentait à lâcher qu'il n'était pas à Reims « pour bricoler. Je n'ai pas quitté la Bretagne pour rien. Je suis venu pour décrocher le maintien ».
En bon général, Goavec a décrété la mobilisation générale.
Ce mercredi, à 14 h 30, à l'occasion de la traditionnelle opposition hebdomadaire, il laissera encore Patrice Lair diriger le groupe. Lui ne prendra véritablement l'équipe en mains qu'à compter de jeudi.
Mais, mardi, après quasiment 90 minutes d'ateliers et de jeu, le Breton avait déjà décelé quelques lacunes.
Il y remédiera rapidement : « Il ne semble pas y avoir de culture de l'effort indispensable à la pratique du football de haut niveau. J'ai vu des garçons sans protège-tibias ! A l'entraînement, il faut se mettre en conditions réelles de match. Je dois voir les garçons tacler, se battre pour gagner les duels. »
De l'engagement associé à plus de rigueur et de discipline, voilà les qualités que le néo-Marnais impose déjà à ses hommes. Il leur demande aussi de former une vraie équipe. Les garçons doivent être prêts « à partager et à souffrir ensemble. La vie collective est importante.
Le groupe doit être animé de la joie de jouer. Je ne conçois pas d'être à la tête d'une équipe triste. Je veux que les garçons soient efficaces dans chaque zone du terrain. Un arrière peut dégager en touche. C'est un geste défensif. En attaque, il faut oser plus, se poser moins de question. Il faut être devant le but et ne pas décrocher sous prétexte de toucher plus de ballons. »
En ce sens, la conception du football de Goavec « est proche de celle de Marc Collat. J'ai encore plus l'âme d'un gagneur ». Philippe Launay (L'Union).


Le week-end où Christophe Chenut a tranché -
8 décembre - 19h - Marc Collat passe la main. Dimanche après-midi, Denis Goavec, l'entraîneur qui avait permis à Angers d'accéder à la D2 voilà trois ans, a donné son accord à Christophe Chenut.Denis Goavec, 45 ans, avait déjà été pressenti pour succéder à Marc Collat il y a un an et demi, lorsque l'ex-entraîneur du Stade avait eu des velléités de départ pour Grenoble.
L'ancien et le nouvel entraîneur du Stade se connaissent d'ailleurs très bien et s'apprécient. Il y a quelques années, Marc Collat avait lui-même succédé à Denis Goavec à la tête de l'équipe de Saint-Brieuc. Le respect qui prévaut entre les deux hommes devrait faciliter le passage de témoin.
Denis Goavec, qui entraînait jusqu'à présent l'équipe de Vannes (CFA) prendra ses fonctions mardi. Le changement d'entraîneur a été annoncé aux joueurs ce dimanche soir.
Denis Goavec connaît bien le problème rémois pour avoir vécu une situation similaire lors de l'accession du SCO Angers en D2. C'est en praticien que cet homme à poigne arrive à Reims.


clic Chronique d'un départ annoncé
clic Goavec : un homme à poigne
clic Marc Collat : 25 mois à la tête du Stade


La carrière de Denis Goavec : Saint-Brieuc (Jusqu'en 1994) - Brest (1995-1997) - Angers (1999-2001) - Vannes (2001-2002). Denis Goavec était libre depuis le 9 novembre dernier, date à laquelle Vannes, confronté à des difficultés financières, a dû se séparer de lui.

 

 

 

SA PHILOSOPHIE

 

 

"Se faire mal avant de se faire plaisir !"

Janvier 2003

 

 

L’entraîneur rémois, arrivé mi-décembre en remplacement de Marc Collat, ne nie pas que son équipe négociera «un tournant, sinon décisif, tout au moins important de la saison» ce soir, face aux Stéphanois.


l'union

Denis Goavec, vous avez pris en main une équipe rémoise en difficulté. C’est une mission difficile qui vous a été proposée.
S’il y a changement d’entraîneur, c’est que la situation du club est délicate. Je suis conscient que la tâche n’est pas facile mais elle ne me semble pas insurmontable pour autant.
Vous avez trouvé une équipe en difficulté.
Le groupe a été un peu fragilisé par son début de saison. Il est parfois passé tout près de la victoire mais à chaque fois, il y a eu un petit contretemps, causé par une faute d’inattention. Le but du jeu désormais est de renforcer ce groupe en axant le travail sur l’état d’esprit, la concentration. C’est très important à ce niveau là car lorsque l’équipe perd son attention, elle peut perdre pied aussi. Il faut rectifier le tir.
En somme, elle manque d’expérience.
Certainement, nous avons perdu des matches de manière rocambolesque, sur des buts gag. L’expérience nous a fait défaut dans ces moments là, l’intuition également.
Reims marque peu de buts. C’est une lacune difficile à combler.
Marquer, c’est la finalité du football, donc le plus difficile à réaliser. Cela dit, je ne me fais pas de souci sur ce plan là. Il faut trouver une réponse collective à ce manque d’efficacité. Nous devons être meilleurs collectivement dans le jeu afin que nos attaquants soient mieux servis.
Vous avez recruté Verschave, l’ex-attaquant de Clermont. Allez-vous vous renforcer encore ?
J’aimerais bien trouver un joueur polyvalent pour avoir plus de solutions mais ce n’est pas simple. Il faudrait dégraisser l’effectif qui est riche en quantité. J’aurais préféré avoir moins de joueurs.
Comment comptez-vous mener à bien cette opération maintien ?
Produire du jeu doit être une finalité mais avant, il doit y avoir une rigueur, une discipline, une organisation. Il faut se faire mal avant de se faire plaisir. Les joueurs doivent comprendre que l’on ne peut pas bien jouer au football si l’on n’a pas le ballon.

 

l'union
Votre équipe vous semble-t-elle en progrès ?
Dans le jeu, non. C’est encore insuffisant. Au niveau mental, peut-être. Du fait que nous sommes revenus au score au Mans, qui est leader. C’était une première en ce qui nous concerne.
Ce nul face au leader est un encouragement, tout de même ?
Le Mans n’avait jusqu’alors concédé qu’un nul sur sa pelouse. En y parvenant après être revenu au score, mon équipe en est sortie plus forte. Plus que le point acquis, c’est la manière avec lequel il l’a été. C’est le fait d’avoir poussé Le Mans au cours d’une seconde mi-temps plus riche. Il était important de se rassurer quant à notre capacité à marquer à l’extérieur.
Rencontrer les Verts, en dehors de la connotation nostalgique, ça revêt une importance particulière ?
C’est un match qui sera pas forcément décisif mais ça peut être un tournant dans la saison. Car pour se maintenir, il faut gagner à domicile. Nous restons sur un bon nul au Mans, Saint-Etienne est classé trois points devant nous, fait partie comme nous des candidats au maintien, il est donc indispensable de réussir un match référence, un match plein, ce que nous n’avons pas su faire jusqu’à présent. Contre Saint-Etienne ou un autre, ce n’est pas le problème. Maintenant un Reims-ASSE, il n’y en a pas eu depuis longtemps.
Les deux clubs ont une particularité commune. Celle d’avoir à assumer un statut de club mythique.
On sent un engouement exceptionnel à Reims, même si le club revient de l’enfer mais l’héritage est plus lourd à porter pour Saint-Etienne et je comprends leurs difficultés. Reims, ça date de mes premiers pas tout court. Saint-Etienne de mes premiers pas de footeux, ce club est plus présent dans ma tête.
Quelle est votre opinion au sujet de l’équipe stéphanoise actuelle ?
C’était une équipe bâtie pour monter. Avec des noms et un très bon collectif. Peut-être lui manque t-il la flamme ? Peut-être lui a t-il manqué aussi de réussir un début de saison plus positif. Si elle avait enchaîné une dynamique de victoires, elle était capable d’aller au bout.
Ça fait plus de 20 ans que l’on n’a pas assisté à un Reims-ASSE. Cela a t-il une importance pour vous ?
Non. Il y aura le plaisir de voir un stade plein, ça s’arrête là.
YVES VERRIÈRE

 

 

 

SES ALLIÉS

 

 

Vous avez dit table rase ?

 

"Droit dans le mur..." - Patrice Lair, l'adjoint de Marc Collat, n'a pas été surpris par le limogeage de ce dernier : « Ca devait arriver. Il fallait faire quelque chose sinon on allait tout droit dans le mur. » Patrice, dont on connaît le franc parler et le tempérament de gagneur, a tenu à rassurer les joueurs dimanche soir : « Je leur ai dit qu'il fallait faire table rase sur le passé, d'en finir avec les querelles intestines qui ont affecté notre progression. Maintenant, il s'agit de se serrer les coudes autour du nouvel entraîneur et de sauver la saison ».
Après la défaite à Châteauroux (3-1) et avant la venue de Nancy à Delaune, il a été question que Patrice Lair prenne la direction de l'entraînement des pros, Marc Collat se consacrant à ses fonctions de manager général. « Il y a eu trop d'hésitations, Marc a demandé un peu de temps. Ca lui a été fatal. Dommage. ». Patrice Lair ne cache pas ses divergences avec le coach en chef : « Nos caractères sont très différents, Marc est peut-être trop gentil. Il a toujours souhaité préserver l'unité du groupe, alors qu'il fallait parfois taper du poing sur la table et se débarrasser des perturbateurs ».
Comment voit-il la suite de son aventure rémoise ? « J'ai eu Denis Goavec au téléphone et on se verra demain (aujourd'hui). Nous sommes Bretons, des Côtes d'Armor tous les deux. Ca ne me dérangera pas de travailler avec lui s'il le souhaite. Cela fait deux ans et demi que je suis à Reims et on finit par s'attacher. J'espère terminer mon contrat ici avec le Stade en Ligue 2. Sinon, je peux rebondir ailleurs ». G.K. (L'Union - 10-12-02)

 

Au lendemain de ces déclarations, Patrice Lair était remercié par Denis Goavec