Dimanche 15 décembre 2002
Reims secoue le cocotier
A
défaut de stage au soleil, de souvenirs ensoleillés et de tennis-ballon
sous les cocotiers, c'est dans la grisaille de la banlieue parisienne que le
Stade entamait la première page de l'ère Denis Goavec. Au rythme
du gro ka (*) martiniquais, dans une enceinte de Marville tout acquise à
la cause créole, ça sentait bon le piège pour des Rémois
toujours convalescents.
« Nous devons d'entrée imposer notre jeu », avait exigé
le coach breton. Un ordre plus qu'un conseil que ses nouveaux disciples appliquaient
d'entrée à la lettre. Un débordement d'Haddadou sur le
côté gauche, suivi d'un centre précis sur le pied droit
de Laquait. La reprise de volée à l'intérieur de la surface
de ce dernier ne pouvait que terminer sa course dans les filets d'un Franciette
médusé (2e).
Occasions gâchées
A peine le temps de mouiller leurs maillots rouges, les Stadistes s'étaient
déjà offert un début de match tranquille. La défense
en ligne des Franciscains était aisément contournée par
les visiteurs champenois et Tchami, électron libre en attaque, tantôt
à gauche, tantôt à droite, s'illustrait par sa vitesse de
course et son sens du démarquage.
Deux minutes après l'ouverture du score, toujours sur le flanc gauche,
Haddadou centrait sur le Camerounais dont la reprise de la tête était
détournée du bout des gants par Franciette.
Cette première période, entièrement rémoise, se
déroulait au rythme souhaité par l'équipe de Goavec. Le
pressing imposé en milieu de terrain poussait souvent les Martiniquais
à la faute sans que les relances approximatives des défenseurs
domiens profitent vraiment aux Stadistes.
Pourtant, avec un peu plus de lucidité, ces derniers auraient pu augmenter
leur avance. Par Pickeu d'abord, dont le coup de tête sur un centre de
Gondouin, n'était pas cadré (33e). Par Haddadou surtout, parfaitement
démarqué par un centre fuyant de Tchami, mais dont le tir de l'extérieur
du droit frôlait la base du poteau droit de Franciette (40e).
Instant d'égarement
Sans doute ragaillardis par la maladresse de leurs adversaires, les Antillais
s'appliquaient un peu plus en attaque, perturbant enfin l'axe rouge. Mais leur
meilleure occasion survenait juste avant la mi-temps, sur un coup franc du spécialiste,
Sophie. Mais le tir en force du stratège franciscain était bien
bloqué par Balijon (44e).
Maîtres du jeu, mais encore trop indécis en attaque, les Rémois
regagnaient les vestiaires avec un court avantage qui ne les mettait pas à
l'abri d'un retour martiniquais.
Mais il fallait croire que les Domiens n'avaient pas retenu la leçon
de la première période. On jouait depuis 46 secondes seulement
dans la deuxième partie du match lorsque les Rémois remettaient
le couvert. Toujours sur le flanc gauche, avec cette fois Gondouin en débordement,
François en faux écran et Haddadou à la reprise du plat
du pied droit qui faisait mouche.
« Ce n'est qu'un au revoir »
Même cause, même effet. Les Martiniquais, sans doute engourdis par
le froid, encaissaient encore ce direct au foie qui les laissait le nez dans
le gazon. D'autant que Reims semblait vouloir enfoncer le clou. Haddadou et
Frétard jouaient à la « ba-balle » sur le côté
droit. Le centre lobé de l'ex-Manceau trouvait la tête de l'ex-Sedanais
et la balle échouait sur le poteau (50e).
S'ils pensaient que les Franciscains allaient baisser la garde, les Stadistes
se trompaient lourdement. Menés au score, ils allaient enfin se libérer
et peser enfin sur la défense rémoise. Le talentueux Percin émergeait
du lot. Un premier de ses centres trouvait Honoré dont la reprise était
détournée en corner par Balijon (52e). Le deuxième, deux
minutes plus tard, obligeait Louiron à dégager in extremis son
camp.
Le Stade, facile, trop facile avant la pause, subissait alors le pressing adverse.
Balijon, auteur d'une main hors de sa surface, s'en tirait bien avec un simple
carton jaune (59e). Mais alors de Frédéric Boniface manquait une
reprise facile seul aux 10 mètres, le Club Franciscain allait changer
la face de la rencontre en inscrivant un fort joli but par l'entremise de Percin.
A la réception d'un coup franc de Sophie, le fils de l'entraîneur
contrôlait la balle dans la surface et trompait Balijon d'une pichenette
(59e).
Une fois maîtrisé ce début de cyclone tropical, Reims allait
plus sereinement gérer la fin de la partie, s'offrant même le luxe
de corser l'addition par l'entremise de Létang (du pied droit !), bien
démarqué par François.
Pour les Martiniquais, la messe noire était dite. « Ce n'est qu'un
au revoir », chantait le public antillais au rythme du gro ka, félicitant
à leur manière leurs vaillants ambassadeurs. Mais ce sont les
Stadistes que l'on reverra en 32es de finale, le 4 ou le 5 janvier 2003.
Gérard Kancel
(*) tambour local.
"Vu des Tribunes" : l'actu du Stade - Rédaction-conception : Michel HAMEL