Lundi 9 décembre 2002
Chronique d'un départ annoncé
Reims
tourne la page Collat - De la réflexion jaillit parfois
la lumière. Quand l'évidence saute tant aux yeux, il faut savoir
composer avec elle. Quand la situation s'enlise, il convient de tout mettre
en œuvre pour sauver l'essentiel.
Avant-dernier de son championnat sans donner l'impression de vouloir ou pouvoir
s'extirper de ce guêpier ciblé L2 et atteindre l'objectif minimum
fixé en début de saison, le maintien, le Stade de Reims végétait
dangereusement.
Istres, la goutte d'eau
A tel point que les conflits internes au groupe ne restaient plus confinés
à l'intérieur des vestiaires, donnant encore plus d'importance
à ce sentiment de malaise général répercuté
sur le terrain. Bref, le Stade était malade.
La situation était à un tel point délicate que le président
Christophe Chenut a dû se résoudre à limoger son entraîneur,
Marc Collat. Hier soir, il a annoncé à ses joueurs sa décision
de remplacer son coach par le Breton Denis Goavec. L'ex-entraîneur de
Saint-Brieuc et d'Angers notamment (lire par ailleurs) prendra ses fonctions
dès demain.
« Il fallait faire quelque chose », admet un président que
l'on sent meurtri. « Nous étions dans une logique d'échec.
Tant d'efforts consentis pour hisser le club à ce niveau, méritaient
que l'on trouve la solution la plus juste pour stopper l'hémorragie ».
Christophe Chenut s'est dit très marqué par la prestation de l'équipe
mercredi face à Istres. « Autant face à Gueugnon, l'équipe
a produit du jeu et a manqué de réussite, autant nous avons failli
collectivement contre Istres ».
Dès le lendemain, il entamait un tour de table avec les principaux membres
du conseil d'administration. « Cette décision n'a pas été
prise sur un coup de tête. Nous étions d'accord sur le diagnostic
et avons donc étudié toutes les possibilités pour remédier
à nos problèmes. Il fallait trouver le déclic pour relancer
la machine. Nous avons donc décidé d'effectuer un changement au
sein du staff technique et que la solution devait venir de l'extérieur
».
Goavec
enthousiaste
Déjà en contact avec Denis Goavec à l'intersaison 2001-2002
lorsque l'éventualité d'un départ de Marc Collat se précisait,
Christophe Chenut n'a eu aucune difficulté à persuader le coach
breton de venir s'installer en Champagne.
« Denis Goavec a accepté de relever le challenge. Il a six mois
pour faire ses preuves, pour nous maintenir en L2 et pourquoi pas, réaliser
une belle carrière en Coupe de France ».
Chenut a senti son interlocuteur « très enthousiaste ». Fraîchement
licencié économique à Vannes (CFA), le président
stadiste a décelé chez lui « une grande motivation et un
grand désir de relever notre défi ».
Bien avant cette issue malheureuse pour Marc Collat, successeur de Manuel Abreu
depuis deux ans, Christophe Chenut avait pensé lui octroyer un peu de
recul dans sa fonction. « C'était après la défaite
à Châteauroux, nous avions pensé qu'il prenne un peu de
recul par rapport à la direction quotidienne du groupe, mais ni l'un
ni l'autre avons souhaité approfondir cette hypothèse ».
Très proche de son entraîneur, le président rémois
avait même pensé associer les deux coaches : « Mais, avec
raison, Marc a pensé que son rôle de manager général
trouvait son importance en début de saison et non à six mois de
la fin du championnat et qu'il ne souhaitait pas rester dans un placard et,
d'autre part, sa présence quotidienne auprès du staff gênerait
sans doute le nouvel entraîneur ».
Avec l'élégance qui a toujours accompagné son discours
et sa réflexion, le coach martiniquais a préféré
quitter le club comme il était arrivé, en toute discrétion.
Et maintenant ?
Exit donc Collat et bienvenue à Goavec, « un homme à poigne
», comme le présentent certains, « un coach travailleur et
méthodique » pour d'autres.
« Nous devons oublier nos problèmes et nous concentrer sur l'essentiel
: le sauvetage du Stade de Reims », répète avec force Christophe
Chenut.
Travaillera-t-il avec le staff et l'effectif en place ? « Je lui laisse
le soin de faire son inventaire. Une chose est sûre : il vient tout seul.
Personnellement, je reste persuadé que l'effectif tient la route. Nous
repartons à zéro, une page se tourne et il n'y aura ni d'anciens
ni de nouveaux, ni de titulaires ni de remplaçants ».
Et d'ajouter : « Je suis un éternel optimiste et je crois aux signes
du destin. Marc Collat avait remplacé Denis Goavec à Saint-Brieuc
et, comme par hasard, il est libre au moment où nous avons besoin de
lui ».
Christophe Chenut évoque aussi son intime conviction, « c'est mon
rôle de trancher avec les leviers restreints dont je dispose ».
Dans six mois on pourra juger du bien fondé de ce coup d'éclat.
Gérard Kancel
"Vu des Tribunes" : l'actu du Stade - Rédaction-conception : Michel HAMEL