STADE DE REIMS - CAEN : 1-2

Samedi 1er mars 2003 - 28e journée de Ligue 2 - Arbitre : M. Kalt

DEROIN (2e - 75e) pour Caen - FRETARD (54e) pour Reims

 

Nuit et brouillard sur Delaune

 

"Reims, le Grand Reims qui a pourtant disputé deux finales de Coupe d'Europe, est ce soir bon dernier de la Ligue 2. Les temps changent..." A l'image de ce commentaire d'Europe 1, ce samedi soir le Stade n'inspirait plus que de la mansuétude. Les héritiers du jeu "à la rémoise" imaginé par Albert Batteux n'ont pas rendu l'hommage que l'on était en droit d'attendre à celui sans qui le Stade ne serait sans doute qu'un club comme les autres. Cet entraîneur mythique que Reims a eu la chance de compter sur son banc avait la réputation d'être un "intellectuel du football". Il exigeait que le physique soit au service de la technique et du jeu. En ce triste samedi, force est de constater que ces préceptes ont cessé de hanter les couloirs de Delaune. Côté commentaires, il n'y a rien à ajouter par rapport aux épisodes précédents. Si le bon sens prévaut, la bataille pour la L2 n'est pas perdue. On ne saurait imaginer d'autre alternative. Samedi, le Stade s'est juste infligé un petit handicap supplémentaire.



Les deux actions qui ont fait basculer la rencontre :

- 2e : Christophe Laurent, titularisé au poste de défenseur central, récupère le ballon le long de la ligne de touche, à droite du terrain, et effectue une remise arrière dans l'axe. Le ballon est intercepté par Mazure qui file au but. Cherchant à se racheter, Laurent s'engage dans une course effrénée derrière l'attaquant caennais et le fauche à l'entrée de la surface. Penalty indiscutable que Deroin transforme sans coup férir. Christophe Laurent sera remplacé à la 43e. Ludovic Liron, dont on connaît la qualité à ce poste, glissera en défense centrale et Silas Billong, entré en jeu, occupera le flanc droit.

- 75e : Le Stade, revenu au score à la 54e sur un but plein d'opportunisme de Jérôme Frétard, a le match en main et multiplie les raids dans le camp caennais. Mais, il découvre ses lignes arrières. Deroin intercepte un ballon et, voyant Charpentier légèrement avancé, tente sa chance aux abords des 20m. Le gardien rémois est sur la trajectoire, se détend mais ne peut éviter le lob, le ballon filant au raz de ses gants. Ce fut l'une des rares frappes cadrées des Normands.

 

Trou normand

03-03-2003 - Après Lorient, Le Mans et Grenoble, Reims a concédé, samedi soir, sa quatrième défaite à domicile. Caen, auteur dÔune prestation sérieuse, est venu cueillir les quatre points (2-1). Un coup d'arrêt qui repousse les Rouge et Blanc en dernière position.
Plus que le résultat, c'est le contenu du match qui décevait les joueurs. « Timides », selon Denis Goavec, les Rémois ont entamé la partie à l'envers. « L'enjeu était important face à un adversaire direct pour le maintien. Nous n'avons pas maîtrisé nos émotions », poursuit le technicien stadiste.
En effet, tendu comme jamais cette saison, le onze champardennais s'est laissé marcher sur les pieds par des Normands tout à leur aise de profiter d'une grossière bévue de Laurent, dès la 3e.
Manque de lucidité
Le défenseur marnais effectuait une relance dans l'axe, le premier geste proscrit dans les écoles de football.
Deroin ouvrait le score avant de porter le coup de grâce à la 75e. Ce doublé récompense l'activité du milieu caennais, présent aux quatre coins de la pelouse et ne perdant aucun des nombreux ballons récupérés.
Entre temps, le Stade, alternant mieux jeu court et jeu long, avait trouvé les ressources pour égaliser. « On aurait dû savoir se satisfaire de ce point à un moment où Caen commençait à se contenter du nul », commente le coach marnais.
Mohamed Haddadou ne dit pas autre chose : « On a continué à faire le jeu. Caen n'attendait que cela pour nous contrer. On a été trop généreux. »
Son entraîneur va plus loin dans l'analyse : « Les joueurs se sont dépensés. Ils ont beaucoup donné. » Mais pas tous en même temps. « Notre bloc n'était pas assez compact. Nous avons poussé mais c'était désordonné. »
Un manque de cohésion qui s'est payé cash sur le second but. Les Caennais, pourtant en infériorité numérique devant la cage champenoise, trouvaient la faille sur une frappe en bout de course de Deroin. Charpentier, trop avancé, était lobé. « Il ne faut plus prendre autant de buts à la maison, sinon cela devient mission impossible. On ne peut pas marquer trois buts à chaque fois. Cela a fonctionné contre Laval mais pas contre Caen qui mérite finalement sa victoire. On a manqué de rigueur et de hargne sur l'action qui amène ce second but. C'est ce qui me dérange le plus. On se répète mais ce sont ces détails qui nous pourrissent l'existence. »
Dernier joker
Ils risquent à coup sûr de peser dans la préparation du prochain match, à Valence. Haddadou l'affirme, « on sait ce qui nous reste à faire là-bas. Il reste 36 points à prendre et nous sommes prêts à aller à la bataille ».
Denis Goavec rebondit lui aussi et assure que ses troupes seront aptes à relever le défi car, samedi soir à Delaune, « nous avons usé notre dernier joker ».
Dans la Drôme, il devra faire sans Liron et Frétard, suspendus. « Il me faudra trouver une solution mais les garçons devront jouer plus libérés. Et penser juste à eux à leur jeu. Pas au classement. »
Philippe Launay

 

Réactions

Jérôme Frétard : "Nous avons grillé notre joker. C'est maintenant que l'on va voir si nous sommes des hommes. Si on se laisse dominer par la pression, on est mort."

Denis Goavec : "Nous avons usé notre dernier joker ".

Sébastien Mazure (Caen) : "A défaut d'avoir fait un grand match, nous avons fait un match sérieux en profitant des erreurs de l'adversaire. On a su amener de bons mouvements et on est dans la continuité des précédents matches. Il faut conserver ce rythme."

et... commentaires

France 3 Champagne-Ardenne - 02-03-03 Journal de 19h15 - "Bonne nouvelle. Après sa défaite, le Stade de Reims ne pourra pas descendre plus bas". Sans commentaire

 

L'hommage des supporters à l'entraîneur du Grand Reims.

"Albert, tu as éclairé le football français".
"Batteux à jamais dans nos coeurs". "Ton oeuvre est immortelle".

 

 

"Des points savoureux"

REIMS (de notre envoyé spécial). - Les Normands ont attendu le mois de mars pour enchaîner succès à domicile puis à l'extérieur dans la foulée. Après Gueugnon samedi dernier, c'est Reims qui a fait les frais de la réussite caennaise hier grâce à deux buts d'Anthony Deroin. Dans la course au maintien, Caen prend ses distances avec des adversaires directs et engrange des points savoureux, avant de recevoir Lorient samedi prochain, à Amiens.

Tout de suite dans le vif du sujet, Sarr coupait une relance rémoise de Laurent à hauteur du rond central et lançait dans la profondeur Mazure. À l'instant d'armer sa frappe devant le gardien, Laurent déséquilibrait Mazure et M. Kalt n'hésitait pas une seconde à indiquer le point de penalty. Deroin se chargeait d'exécuter crânement la sentence au ras du poteau sous les yeux du kop champenois (3'). Ce but gonflait d'enthousiasme des Normands à l'organisation cousine de la semaine dernière. Clément avait remplacé Braud en charnière centrale. Diarra se retrouvait sur le banc car, Bakour densifiait un milieu de terrain où Hébert coulissait devant la défense afin d'accompagner en individuel François. Deroin à droite et Lesoimier côté gauche venaient en appui du tandem Sarr-Mazure.

Sur la pelouse étriquée du stade Auguste-Delaune, les partenaires de Dumas s'exposaient au devoir de survie local après leur prompte ouverture du score. Aubry restait un long moment au sol après le gain de son duel avec Liabeuf (10'), mais se détendait allégrement pour capter le centre d'Haddadou (20').

 

Le doublé de Deroin

54e : l'espoir renaît

La pression baissait d'un ton et à la récupération, Bakour trouvait Deroin dans le sens de la marche. Son ouverture pour Mazure avait tout de la deuxième occasion malherbiste, mais le joker au n°9 voyait sa frappe filer devant les montants (29'). L'alerte était relayée par les déboulés de Lesoimier. Le premier avec un centre trop haut pour la tête de Mazure (33'), le second toujours pour Mazure pris en tenaille dans la surface (36'). Une frappe tendue de Dudoit (39') était boxée par Aubry en corner dans une fin de période où Goavec procédait aux changements du malheureux Laurent et du discret Pickeu. Dans le temps additionnel, Frétard obligeait, de loin, Aubry à se détendre sur une frappe flottante et lointaine (45'+2').

Reims revenait après la pause en élevant son pressing plus haut. Liabeuf trouvait seul au deuxième poteau Frétard dont le tir puissant ne laissait aucune chance à Aubry (54'). Cette égalisation relançait des Rémois accentuant leur ascendant. Mazure servait idéalement Sarr, capable d'effacer Lafond d'un crochet mais ratant complètement la cible (63'). Caen s'arc-boutait, prêtant le flanc aux percussions variées des coéquipiers de François.

Mais une magnifique transversale de Lesoimier arrivait dans les pieds de Deroin qui osait et réussissait le lob sur Charpentier (75'). Le doublé de Titi incitait Remy à changer de batteries devant, Di Rocco et Diarra suppléant Lesoimier et Mazure. Caen ne voulait pas subir une seconde égalisation et s'acharnait à garder le ballon. Il fallait tenir. Avec solidarité, courage et en faisant front jusque dans le temps additionnel où Haddadou faisait parcourir le frisson. Vincent COTTÉ

 

 

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